Au Grand Palais
Du 5 mars au 21 juillet 2014
Première rétrospective des œuvres vidéos de Bill Viola à Paris.
Bill Viola dans le space time continuum :
Les œuvres présentées vont de 1977 à 2013, c’est un parcours sur 4 décennies, qui commence dans la pénombre, ce qui oblige à une certaine concentration voir une introspection. Je me concentre, je scrute l’obscurité et je commence à faire abstraction des gens autour de moi ; j’accepte le choix des pièces présentées qui prennent au fur et à mesure un sens et font remonter à la surface des émotions parfois inattendues.
Bill Viola explore les mystères de la création à travers les émotions humaines, pour lui l’artiste découle du chaman.
Il dit : «…the depth in human being is infinite… »; «…The creative energy of a great artist comes from inside, very far inside himself…»; « I see things from the inside beneath the body and beyond »
« The reflecting pool » 1977-79
C’est une de ses premières œuvres, une expression de sa quasi noyade, lorsqu’il avait 6 ans. Comme Bill Viola le dit : « …to almost drown myself was a positive experience, I was not afraid …» « …under the water you see the world differently, there is a new world… ».
« Heaven and Earth » 1992
2 globes télé en face à face, qui diffusent chacun un film. D’une part, un nouveau-né, son fils, et d’autre part, une femme âgée, sa mère. C’est le début et la fin, entre les deux il y a nous, les vivants ; et l’ADN de la vie coule de l’un à l’autre, fluide.
Il y a dans ses œuvres le lien avec l’eau mais aussi avec l’électricité qui est un fluide comme l’eau, ce sont les forces actives, celles qui sont aussi dans chaque être humain. C’est pourquoi il a choisi la vidéo comme médium artistique, il dit : « …Video is flowing… ». L’art et la technologie sont liés depuis la nuit des temps et c’est ce qui permet à l’humanité d’avancer.
« The veiling » 1995 (Œuvre présentée à la Biennale de Venise en 1995)
9 grandes voiles suspendues, dans une salle obscure, des projections d’un homme et d’une femme, dans une forêt, qui vont et viennent, sans jamais se rencontrer.
« The Sleep of Reason » 1988
« Walking on the Edge » 2012
Il regroupe dans son travail, différents domaines qui m’intéressent particulièrement chez un artiste, musique électronique, vidéo et culture spirituelle et philosophique, il dit : « The video records sound and image…it connects it completely ». N’oublions pas qu’au tout début, il a travaillé avec Nam June Paik, et qu’il a également travaillé et été influencé par David Tudor, compositeur d’avant-garde ; dont Bill Viola a été un des membres du Rainforest Ensemble qui deviendra le Composers Inside Electronics. En 2000, il a réalisé, une triple vidéo pour la tournée du groupe Nine Inch Nails.
« Fire woman » 2005 (cf. l’Opéra de « Tristan und Isolde »)
Une femme face au feu, qui finit par se laisser tomber et disparaître dans l’eau.
« Tristan’s ascension» 2005 (The Sound of a Mountain under a Waterfall)
« The Dreamers » 2013 (cf. « The Sleepers » 1992 et « The Sleep of Reason » 1988)
7 dormeurs plongés dans l’eau, hommes, femmes, enfant, ils sont sereins ; Pour Bill Viola, ils symbolisent l’immortalité.
Je comprends mieux pourquoi Bill Viola avait des exigences très précises concernant le montage de cette rétrospective. Tout a été pensé et organisé au millimètre près.
J’aime les artistes exigeants qui savent où ils vont et quelles portes ils veulent ouvrir. Bill Viola, le sculpteur de temps, est de cette race là.
L’enjeu de l’artiste est de nous confronter à ces trois questions métaphysiques majeures : Qui suis-je ? Où suis-je ? Où vais-je ?
La confrontation est réussie, je sors de là pleine d’énergie et de plénitude.